VAINES VANITES
Comme une étoile au fond d'un trou.
Aragon
C'est là, comme suspendu dans le noir, du vide suspendu dans le vide. Dans une lumière venue d'on ne sait où, lumière du Temps qui nous mène du sombre au sombre,
de la nuit d'avant à la nuit d'après, lumière qui fait nos vies, nos corps. Temps qui scrute et creuse et façonne et défait nos êtres, …Et au bout de nous-même,
nous voilà vide empli d'ombre.
C'est là, posé dans l'obscur, ocré de lumière comme de terre et pétri d'une main comme d'aveugle. C'est du plus rien, et cependant c'est . C'est du Fini et pourtant
c'est encore là, c'est toujours là. C'est de l'Encore, c'est du Toujours. C'est du mort et ça vit. C'est de l'obscur et c'est lumineux.
Tout autour de cela ta main tâtonne, cherche la limite, la frontière du mort et du vif, et la franchit, dépasse les bornes, et c'est peut-être cela qui fait peur.
Tu crées à partir du plus rien, tu dis non au fini, car rien ne sera jamais fini tant qu'il y aura une main comme la tienne pour poser un peu de lumière sur la nuit
et l'absence. Une main qui creuse, et fouille, cherche et questionne, et vibre autour de notre dépouille. Main qui nous mène, tremblants, au-dessus du vide, main qui
nous fait avancer sur le fil ténu du vivant, le fil tendu d'une rive à l'autre de la vie, d'un ventre de chair à un ventre de terre, main sûre qui mène au-delà…
Geste de vie que celui que tu accomplis là , geste humain que celui de déposer ne serait-ce que traces de clarté sur nos corps, nos os.
Par ton geste, de nos vies, restera la clarté et tu nous dis que rien n'est vain.
Jean-Pierre Mimiague 10 novembre 2013
Vanité, Vanité, quand tu nous tiens,
Notre vie est tendue entre Eros et Thanatos, couple indissociable dans lequel l’un ne peut exister sans l’autre.