Armelle NORMAND
André Ruellan, Critique d'Art

Le dessin d'Armelle NORMAND, remarquablement sobre, efficace et cursif a préparé efficacement Armelle NORMAND à cette brillante et fascinante manière de restituer le corps et l'âme avec, en sus, une personnalité assurée qui sait être admirable de réalité sans choir dans un vérissime à tout prix.

Il n'est qu'à voir ses crucifixions de souffrance, les mains, les visages, et tout un bestiaire fabuleux par sa conception, et l'attention avec laquelle Armelle NORMAND en a compris la singularité.
Jean-Pierre Mimiague

Cela vient du profond.

D'abord roche ardente, matière brûlante, lave bouillonnante remontant lentement du ventre de la terre jusqu'à ses mains qui l'empoignent.
Magma informe en fusion, vomi par ce travail immémorial de la matière et que ses mains prennent et prolongent vers ce qui peut être, qui va être.
Là se livre une lutte dont tous les deux sortent vaincus, sinon ils ne recommenceraient pas. Mais il faudra bien gagner un jour, être le plus fort, terrasser l'autre, l'enterrer.
Armelle enfonce nos songes, nos désirs dons la terre, leur donne corps. Et ils résistent nos rêves.
...Corps à corps, rêve contre terre, ça se pétrit, se pénètre l'un l'autre...
Elle engrosse cette terre pour y faire émerger l'homme, la femme, la grenouille, le rat que nous sommes, ou tapi en nous depuis le commencement des temps.
Elle nous dit l'intime, la part de nous jamais surgie, jamais formée.
Elle dit aussi notre origine, notre carne pétrie de chocs, de caresses, recuite de soleil et froide de peurs, cette boue, réceptacle de la vie, soupe informe d'où s'extirpèrent nos corps.
Et ses mains tâtonnent, cherchent, fouillent au travers de la plaie, de la déchirure, et l'on ne sait si c'est pour les refermer ou les rouvrir.
Elle façonne nos songes et nos frayeurs, essaye de les réduire à notre merci, à portée de la main.
Alors une dernière fois, l'épreuve du feu pour cette chose, l'ultime pas vers l'ailleurs, par le feu qui fige dans l'instant, ici, maintenant et à jamais.
Cela devient unique car pris dans le jeu des autres, l'autre des mains d'Armelle et l'autre de notre regard ; cela est hors de nous.
Le passage s'est fait, et peut-être nous rejoignons-nous enfin là, en cette terre brûlée qui ne laisse rien que nous, toujours seul, unique mais rescapé.